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Conclusion post Iranienne.

Photo du rédacteur: Clotaire MandelClotaire Mandel

Concernant les aboutissants de tout ça. C’est flou puisque loin d’être fini, on ne peux conclure de quelques chose tout en étant encore dans le process.

En revanche, je me demandais ces derniers temps s’il était vrai que l’on s’enrichissait, qu’on accumulait à force de routes et détours. Après tout ce temps je devrais en savoir des choses.

Mais je pense qu’on se méprend. On ne fais que changer en permanence. On pense s’enrichir, on ne fait que maigrir dans ses possessions. Toutes ses possessions.

Après la Turquie, je me débrouillais plutôt pas mal en Turque. Puis il a fallu un bon moment avant de se souvenir de quelques mots l’autre soir.

On n’accumule pas. On remplace, on change.

Toutes ces années de voyage n’aboutissent pas à une accumulation de savoir, elle me construise. Ni plus ni moins que moi, mais en différent.


J’ai parfois l’impression d’être un enfant qui est parti chercher le pain pour sa mère, mais qui a fait un gros détour puisque toutes les boulangeries étaient toutes fermées. Il a continuer et avant même de réaliser, il s’est retrouvé à l’autre bout de la planète.

Un monde d’enfant parfois donc. Un monde facile où j’ai le temps de m’émerveiller sans ne me soucier que de ça.


Mais un monde d’adulte aussi. Un monde de camionneurs, de fumeurs d’opium. Un monde où on prend des douches trop peu souvent. Un monde de choix et de sacrifices.

Gide disait qu’ »agir c’est renoncer ». Rien de plus vrai à mon avis. Deux mondes pour moi. Celui des portes qu’on s’ouvre, et de celles qui se ferment par la même.

Je regarde le soleil se coucher sur une chaine de montagne, ma tente m’attend. Demain je serais loin. Les étoiles seront ma constante. Je ne veux être nul part d’autre, ne rien faire d’autre. Tout se suffit à soi, ici et maintenant.

Mais on aimerais envoyer une demande en mariage par voie postale. Partager ça avec cette personne.

Un monde qui s’ouvre puisque l’autre se ferme. Penser concilier les deux n’est qu’illusion. Une illusion charmante, dans laquelle on se plait, mais écran de fumée.

A quoi bon ? Lorsque la lettre arriverais j’aurais déjà changé. Ma barbe aura poussée, la monnaie qui s’entrechoque dans ma poche aura elle aussi changé de visages. La mer aura remplacé les sommets rocheux. Les mots que les hommes m’adresseront n’auront plus la même consonance.

Tout sera différent. Le sens que l’on y trouvait sera resté 1000km derrière, avec son soi passé, sur une butte de terre, dans un village que même les cartes n’ont pas daignés identifié.


Concernant l’Iran, disons que c’est à demi teinte. Une teinte particulière qui permet d’y voir plus clair.

Un pays où les femmes n’ont pas le droit de danser ni chanter en public. Un pays endormi, drapé dans ses drapeaux noirs, faisant face aux portraits de ses propres démons.

Je suis encore plus allergique au fascisme et au totalitarisme qu’avant, si tant est que ce soit possible.

Ici il est juste plus évident. Une régulation du savoir et des droits en tant qu’Homme.

Fuck l’écrasement de la femme par la phallocratie puante. Fuck la religion d’état. Fuck l’Islam radical qui écrase de tout son poids ceux qui n’ont pas les moyens, quels qu’ils soient, de balayer leurs œillères d’un revers de la main. Fuck


Vive la liberté individuelle. Vive le droit à foncer dans un mur s’il est le résultats de décisions prises en pleine conscience. Vive la défonce. Vive la confiance en l’inconnu. Vive la musique forte et les bières trop fortes. Vives les seins à l’air et l’acide.


Quand au fait que nous sommes tous les mêmes, tous frères, qu’on peut se donner la main et faire une ronde autour de la terre.. Je n’y crois plus trop.

On est bel et bien différents. C’est un fait. Et celui qui croit en l’égalité universelle peut toujours échanger son passeport avec un Afghan ou un Yéménite.

Ou moins radicalement, s’asseoir devant une épicerie en Iran et voir un mur d’Iraniens commenter faits et gestes. Prendre un bus merdique en Ethiopie ou marcher dans un village Indien. Qu’on le veuille ou non, on porte une identité avec soi. On porte sa différence.

Et que celui qui s’aime à discriminer, il pourrait faire 2 jours de bus dans la campagne Ethiopienne pour réaliser le poids du regard des autres. On est tous le con, le black ou l’arabe de quelqu’un.

Et on donnera des leçons lorsque sans un mot, sans une question, n’importe lequel d’entre nous hébergera 5 iraniens parlant 3 mots de français. Parce que finalement, c’est ce qui nous arrive ici et ailleurs.

On ne nous connait pas, et on nous offre maisons, garages, lits ou autres jardins. Parce que nous en avons le besoin, qu’ils en ont les moyens. Aussi simple que ça.

Je me vois dans l’obligation d’écrire puisque c’est le seul moyen que j’ai de posé tout ça hors de mon esprit. Il se passe tant de choses dans chacune de mes journées que je passe presque autant d’heures à écrire qu’à pédaler. C’est plus un besoin qu’une envie parfois.

Le monde dans sa complexité mérite que l’on tente d’assembler des mots pour lui donner corps sur le papier.


 
 

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