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  • Photo du rédacteurClotaire Mandel

Indonésie : la claque

Dernière mise à jour : 12 sept. 2022

Petite note d'intro : J'avais prévu de dynamiser un peu mon site internet et de partager un post de blog à propos de chaque pays. Je n'avais pas l'envie de faire une description de là où j'ai tourné, mangé ou je ne sais quoi encore. Je voulais quelque chose de plus personnel. Et en fait ça s'est imposé à moi, puisque le passage en Indonésie fût relativement complexe pour moi. Voila. L’Indonésie a complètement bousculé mon humble personne. En fait, j’ai pris une grosse tarte en pleine face. Et je ne l’avais pas vu venir. Pourtant c'était dans le titre.

Quatrième pays le plus peuplé au monde, et j’ai eu en plus la bonne idée de venir sur de petites iles très peuplés. Déjà, en soi, c’est quelque chose, mais le contraste avec l’Australie et sa densité de population de 3 personnes par km2, c’était trop.


Trop, puisque ce monde dont je rêvais lorsque j’étais plus jeune et que j’ai finalement côtoyé assidument ces dix dernières années, m’épuise désormais.

Ce qui m’apparaissait tropical et exotique est devenu incompréhensible. Pour la simple et bonne raison qu’auparavant, cet exotisme, c’était l’attrait supreme. Et que désormais, cette incompréhension n’a plus son charme d’antan, et que c’est presque du dégout.


Le mot est un peu fort, mais ce qui apparaissait comme le rêve, celui de parcourir l'Asie, est devenu la vision d’enfer d’un monde souvent surpeuplé. Le séduisant remue-ménage chaotique est devenu l’insupportable monde bruyant.

Puis le remue-ménage est devenu le signe visible des convulsions d’un monde qui s’écrase.

Je crois que cet endroit m’a fait réaliser mon anxiété d’un monde qui va droit dans le monde, raison de surpopulation en tête. Je me souviens avoir pris par le passé un tas de photos par le passé de déchèteries sauvages, d'arrière d'hotel où l'on brulait le plastique. Et cette fois, je n'ai même plus la force. Plus la force, ni même l'étonnement.

Ca soulève la question de ma venue ici par ailleurs. La légitimité de ma visite ici tout en sachant ce que mon passage va produire de déchets et de pollution en tout genre. Mais Lombok par exemple, à l'est et au centre, est si peu touristique, qu'on ne peut justifier de ce que l'on trouve au bord de la route par notre présence. Les supermarchés et stands au bord de la route regorgent d'aliments épouvantables pour la santé et tous soigneusement emballés dans du plastique. Sans me dédouaner, ce n'est ma présence ici le problème. C'est bien plus général que ça. Il suffit de regarder la densité de population sur Bali et Lombok par exemple. La population planétaire grossit en nombre, et précisément là où elle est déjà surpeuplée. Si ma présence ici n'aide pas le problème, il ne sera pas pour autant réglé après mon départ. Où se situer dans tout ça ?


Un peu en rigolant, je disais que maintenant je voulais concentrer sur des endroits moins peuplé, plus désert. Que la présence du genre humain m’était bonne, si tant est qu’elle ne représentait pas une invasion du champ de vue, de l’ouïe, de l’odorat.

C’était un peu en plaisantant. Je crois que ça ne l’est plus.

Et si j’aspire à la paix, c’est de manière égoïste. Le calme, les oiseaux, le vent, une douce musique classique qui sort d’une enceinte bien réglée.

Le chaos du bruit en tout genre et tout sens m’horripile. D’autant plus qu’il est parfois élevé au rang de culture, et que l’Indonésie a en quelque sorte cette culture du bruit, sans trop s’en rendre compte peut être.



Les motos doivent faire du bruit, les scooters remplacent une bonne vieille paire de jambes, les enceintes qui crachent devant les magasins, les temples et mosquées qui rivalisent de décibels pour passer le message. C'est difficile de trouver un café où l'on ne devient pas sourd après 15 minutes. Et pour couvrir tout ça, pour se faire entendre, les gens doivent parler fort.

“HELLOOOOOOO, HOW ARE YOOOOOOOU”.

Les gens sont adorables, indéniablement. Et je me suis senti le bienvenu, avec des regards bienveillants posés sur moi. Mais je ne peux plus gérer le fait qu’on me crie dessus, pour dire bonjour ou me dire de dégager.

Ce qui est amusant, c’est que ces dernières années, pour faire face à tintamarre assourdissant d’un monde en ébullition, je me suis réfugié dans la musique classique.

Lorsque le monde est trop, trop trop trop, je me réfugie dans la douceur du piano. C’est ma réponse.

Et en revenant sur Bali, je me réveille sur la plage de Padang bai. Sur la terrasse, je m'assois et commence ma médiation matinale, alors qu'il n'y a ni lumière ni passages humains. Et Ô miracle, j'entends les vagues. Elles étaient là hier, mais comment discerner un bruit d'un autre. Et c'est ça qui est terrible. Dans ce genre d'endroits, il faut un effort supplémentaire pour percevoir les bruits du vent, des vagues ou des oiseaux. Ce qui signifier se lever tôt, ce qui signifie profiter des heures où le commun des mortels dort. Le repos de ma personne éveillé lorsque les autres sont en repos aussi, endormis. Je me suis vraiment demandé s'il n'était pas l'heure d'acheter un lopin de terre, de prendre des douches plus régulièrement et de me "ranger". Mais j'ai toujours le même démon à l'intérieur de moi lorsque je vois les photos de Mongolie, de l'ouest Chinois, des plateaux Tibétains, de l'Asie centrale, des hauts plateaux Boliviens. Tout va bien. Il faudra juste faire attention aux endroits où je me rend prochainement. Car cette fois ci, je suis revenu sur Kuta pour reprendre l'avion, et une fois le vélo posé, c'était un petit soupir de soulagement. Je n'ai pas eu envie de faire de détour, d'aller plus loin que prévu, de trop rouler. Et difficilement de parler aux gens finalement, ma patience étant réduite à sa portion congrue. J'en suis un peu désolé, mais je sais aussi que j'ai une individualité, et que cette dernière tolère désormais difficilement la foule et le bruit. Les deux n'allant pas forcément ensemble d'ailleurs. Voila, il fallait que ça sorte. Quelques photos désormais.

 

Rouler en Indonésie n'est pas un problème en soi, mais je pense qu'il faut bien choisir là où l'on va. Bali et Lombok par exemple furent trop petit. Trop petites perspectives, trop de bateaux, trop de frais. Trop de traffic, trop de monde, trop de bruit. Mais si on a pas peur du dénivelé, les petites routes secondaires sont souvent charmantes.


Je regarde les photos là maintenant. En quelque sorte je les découvre avec vous. Je retrace la route parcourue ici en mémoire. Et ce qui est intéressant c'est que peu de ce que j'ai pris en photo ne m'intéresse réellement. C'est ce qui m'entourait, et c'était chouette. Mais j'avais déjà la tête ailleurs. Et assez étrangement, je me suis rendu compte de l'absurdité d'un fait qui défini mon voyage : je n'ai encore quasiment pas roulé dans les pays et endroits qui m'intéressaient vraiment. Je pourrais assez difficilement expliquer pourquoi, mais après presque 4 ans et demi, ce qui me séduisait vraiment de découvrir est encore à venir. On peut lire ça de plein de manière, et c'est assez chouette en soi. C'est eut être pour faire durer le plaisir. Toujours est il que c'est vrai. Si je fais la liste des pays et endroits qui me fascinent, j'en ai peu parcouru. Dont acte. Et puis quelques photos encore, puisque c'est joli comme pays tout de même.


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