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  • Photo du rédacteurClotaire Mandel

La conclusion Soudanaise.

Nous avons donc traversé le Soudan du nord au Sud de la frontière Egyptienne jusqu’à la frontière Ethiopienne. Traversant par là l’ancien plus gros pays d’Afrique et le plus grand désert du monde.


Ce fût intense. Pas dans les émotions, mais dans la manière de s’en astreindre justement.

Je ne peux pas dire que ce soit un très beau pays, car ce n’est pas l’impression sincère que j’en ai eu. Quelques sections furent belles, mais dans sa globalité, je ne peux pas dire que le pays soit esthétiquement beau. On fait toujours semblant de « sortir des sentiers battus » et d’aller là où « les touristes ne vont pas ». Mais soyons sérieux, généralement si il y a des touristes c’est qu’il a y a quelque chose à voir !


C’est ça toute la finesse du Soudan. Ce n’est pas de spectaculaires sommets ou océans, chutes d’eaux ou monuments archéologiques. C’est la douceur dans les regards, l’invitation par les gestes, l’accueil par le sourire.

Et j’ai toujours gardé en tête ce que Tristan m’avait dit : « Il y a beaucoup de Soudanais dans la rue à Grenoble ». Ca donnerait presque une bonne excuse pour rentrer et donner un sens à la sédentarité. Aider, donner la main. Rendre ce que j’ai reçu sans que personne, jamais, n’ai entendu un merci.


Hier je partageais un verre avec des jeunes. L’un d’eux me dit : « Tu vois, on a un verre pour trois mais on boit chacun notre tour, on partage. Vous les Faranji (blancs), vous ne partagez pas. »

Ben non, chez nous, tu as un verre, tu le bois. L’autre va se servir, et s’il n’a pas les moyens de le remplir, il ne boira pas. »

( Je ne parle pas d’alcool, c’est pour pousser la métaphore.)

La méritocratie. Si tu n’as pas assez c’est que tu ne fais pas assez pour en avoir autant. Le cancer qui métastase tout un pays.


Ce fûrent de longues sections de routes avec le même décor, la même chose pour manger et le thé pour seul distraction.

Ce fût une plongée à l’intérieur de soi. Gérer ses envies, ses frustrations, ses désirs.

C’est accepter de n’être pas grand chose. En tout cas ni plus ni moins qu’un autre. Si on a faim, on mange ce que l’on nous donne, il n’y aura rien de plus. Alors tu fais taire cette voix en toi qui réclame quelque chose de particulier. La règle numéro un, on ne parle pas de ce que l’on ne peut avoir, même la pensée seule aboutirait à la souffrance.

On se lave les mains, on s’assoit au sol et on mange avec la main droite, comme tout le monde.

C’est l’humilité que l’on apprend. On oublie sa condition d’Homme lorsqu’on peut trouver un carrefour market chaque 200 mètres de son pas de porte. On est chasseur cueilleur rien qu’en tendant la main sur les étagères. La magie du 21éme siècle.


J’ai trouvé touchant notre profond changement et adaptation. L’émotion dans les mots et les yeux de quelqu’un qui a trouvé de la sauce tomate, un soda frais, ou une jarre d’eau où l’eau se rapproche de la transparence.

Une grosse leçon sans que personne n’ai écrit quelque chose au tableau. Sans professeur ni évaluation.


Je n’ai jamais était aussi sale et aussi longtemps. Je ne me suis que rarement senti humain de nouveau après une douche.

La météo est rude, la route est rude, la végétation est rude.

La fameuse zone de confort. Celle que certains cherchent à fuir en prenant un vol pour Bangkok pour aller faire la même chose mais plus loin. Moi le premier, jadis.


On roule sous presque sous 50 degrés. On ne sait plus ce que veux dire tendresse ou confort. On se bat avec les mouches, les moucherons. On essaie de protéger sa casserole pour ne pas manger des pâtes trop croquantes. On ne se regarde pas dans un miroir pour ne pas affronter sa propre image. L’image de ce que la route à fait de nous.

La raison pour laquelle je roule est bien au delà des mots. Je ne sais même plus pourquoi je fais tout ça. Je m’en fout. Trouver des raisons, c’est uniquement pour se justifier aux yeux des autres.

La vérité c’est que je ne me suis jamais senti aussi vivant. Même si je ne reconnais plus mon corps et même si je suis perdu dans une culture que j’essaie tant bien que mal d’assimiler et de comprendre. Jamais senti aussi vivant.


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