Un peu d'honnêteté tiens. Ce virus n'a pas bousculé trop mon existence. Un peu, mais finalement je suis a peu de chose près exactement là où j'avais prévu d'être. La nouvelle Zélande c'est pour se recharger. Recharger en argent, mais aussi en énergie intérieure. J'avais perdu quelque chose au passage. Les endroits que je traversaient dernièrement ne m'intéressaient pas outre mesure, où étaient teintés de déception. Disons aussi que je suis exigeant. J’étais heureux d'être là, mais je me contentais de ma propre personne et de mes habitudes. D’une mécanique bien huilé qui me convient dans la forme, et dans le fond aussi. Mais ce fond est très personnel, il n’implique personne d’autre que mon égoïste envie de parcourir la planète sans relâche. Je n'attendais pas trop de l’aise du sud est. J’ai eu de vrais beaux moments comme des sections vraiment chiantes et répétitives. Et j'ai perdu l'intérêt que j'avais pour les gens. Je n'avais plus envie d'apprendre ni langues ni histoires. Pas même de parler aux autres. Je m’en suis rendu compte évidemment. Notamment à cause des photos que je prenais. Elles s’intéressaient à cette esthétique pure qui ressort de la vie dehors. Mais plus vraiment aux visages ni aux histoires. J’ai toujours dit que tout était question de périodes et de chapitres. Seulement là, j’étais conscient d’être nu de ne plus être mû par ces sentiments d’antan. Ceux qui m’ont donné le gout de la route et qui m’ont fait acheter un appareil photo décent. Bizarrement, je le trouve aussi dans des choses aussi précises que l’objectif photo que j’utilise et les livres que je lis. J’ai constamment gardé sur l’appareil de quoi prendre en photo dans les grandes largeurs, pas dans les détails bouillonnants des pays. Et je me suis mis à lire de la littérature de voyage marine. La voile, les navigateurs. La solitude, le repli, l’échappatoire. Amusant n’est ce pas ? Fatigue du partage et des réseaux sociaux aussi. J’ai l’impression de passer beaucoup trop de temps à ça. Et ce sont les gentils messages qui me parviennent parfois qui m’aident à me motiver. Car sinon… C’est chouette de partager, mais ça prend énormément de temps. Du temps sur un écran. Et donc du temps en moins à lire, écrire avec un stylo Et je dois aussi dire que l’analyse du fonctionnement des réseaux sociaux me dégouttent un peu. C’est trop souvent de la surface et du buzz d’images. c’est ça qui fait tourner une page, surprendre visuellement. Le reste derrière peut être creux à mourir, peu importe. Alors je ne sais pas. Je suis vraiment partagé en ce moment. Alors après la nouvelle Zélande, où je vais trouver du travail, du calme, un magnifique décor et un peu d'aventure hors piste. Je vais prendre une route qui colle plus a mes envies profondes. Et ensuite j’ai déjà une idée plutôt précise de où je veux aller rouler pour les prochaines années. Ce pourquoi j'apprends le russe et que j'imagine matériel et tracé pour disparaitre dans steppes et montagnes. Car oui, la fatigue venait aussi du manque de profondeur dans les échanges. Mais pour remédier à ça je n’ai pas fait beaucoup d’effort j’avoue. J’aurais pu tente d’apprendre un peu les langues, mais soyons honnête, ça n’aurait pas dépassé le stade d’une simple commande au supermarché. La fatigue ce n’est pas chez moi un sentiment de baisse de motivation ou de moral, ça se traduit par une autre perspective, par une attention portée sur autre chose. Mon envie de voyager à vélo est intact, simplement je me dois de choisir désormais plus attentivement une route qui me correspond mieux. J’ai trop passé de temps à rouler dans des endroits ennuyeux. Pas assez en montagne. Pas assez engagé ni reculé. C’est ma faute puisque j’ai pleinement décidé de mon trajet. Ce qui est sur c’est que tout ça aide à tracer celui qui s’annonce. Et ça change aussi très clairement ma manière de voir ce que j’emporte et comment je le fais. J’en parlerais plus bientôt, restez à l’écoute !
Clotaire Mandel
Voyage au long cours : la fatigue.
Dernière mise à jour : 5 juin 2020
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